Contrairement
au poète qui a toujours chanté les choses les plus
considérables, on parlera ici de grains de poussière,
de particules invisibles, des choses insignifiantes qui traînent
sous les meubles. Et dans les mondes ailleurs. Ainsi, longtemps
après l’explosion primordiale, par delà l’espace
infini et le temps imbécile, dans les allées humides
et les recoins obscurs qui peuplent les songes des hommes, Amphytrion
Zeugma chante
les choses les plus ordinaires. Pour lui rien ne dure. Pas même
l’éternité. Tout est immobile. Rien ne bouge
jamais. Mais tout avance. Inexorablement. C'est pourquoi Amphytrion
Zeugma surveille du coin de l’œil les mouvements
de l’univers, les soubresauts de l’âme, les
fluctuations de l’esprit humain. L’immensité est
minuscule, elle tient dans un grain de poussière. Amphytrion
Zeugma ne cesse de découvrir les mondes,
les mondes invisibles dont la plupart d’entre nous finit
toujours par revenir — manque de perspicacité — pour
sombrer à nouveau dans le jeu de la matière. Mais
qui s’en
plaindra ? Le Très-Haut ? Le Très-Loin
? Il
y a peu de chance. Moins on est nombreux et plus il y reste de
place près de la fenêtre.
Lui-même1
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Le
Très-Haut
s’appelle toujours Lui-même pour éviter de s’oublier.
Mais c’est un secret à ne révéler qu’à un seul univers.
Que l’autre se débrouille. |
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